Trump et climat : les banques françaises interpellées en amont de leurs Assemblées générales

Lundi 22 mai, 6 défenseurs amérindiens et 35 militant-e-s des Amis de la Terre et d’ANV-COP21 ont construit un pipeline à l’intérieur de l’agence Société Générale 11 boulevard Malesherbes à Paris. Une action visant à dénoncer le soutien des banques françaises dans la construction de nouvelles infrastructures de transport d’énergies fossiles non conventionnelles aux États-Unis. Ils assisteront ensuite à leurs Assemblées générales afin d’appeler les banques à ne pas être complices de la politique anti-climat de l’administration Trump et à renoncer à ces projets dans le respect des droits des peuples autochtones.

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Sur les banderoles on pouvait lire “Banques françaises, ne trumpez pas le climat” et “Human Rights before profits”. Un message qui se veut un appel aux banques françaises, qui tiendront leurs Assemblées générales les 23 et 24 mai, quant à leurs soutiens à des nouveaux projets d’énergies fossiles aux États-Unis.

Lucie Pinson, des Amis de la Terre France, commente : “ Nous appelons les banques françaises à ne pas être complices du démantèlement  par l’administration Trump de toutes les régulations environnementales. Alors que celle-ci pourrait annoncer dès l’après G7 la sortie des Etats-Unis de l’Accord de Paris, les banques françaises doivent s’engager à ne pas financer les projets de pipelines et terminaux d’énergies fossiles non conventionnelles relancés ou soutenus par le nouveau gouvernement outre-atlantique. Ce n’est pas seulement une question de climat et d’environnement, c’est une question d’humanité”.

Parmi les 6 personnes d’origine amérindienne qui ont pris part à l’action se trouvent 4 défenseurs de l’eau qui se sont mobilisés contre le Dakota Access Pipeline à Standing Rock, financé en partie par BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale.

« Nous sommes venus en France pour montrer aux banques françaises que des hommes et des femmes paient au prix fort les projets d’énergies fossiles qu’elles soutiennent. Si les violences qui ont été commises à l’encontre des défenseurs de l’eau mobilisés contre le Dakota Access Pipeline ont été particulièrement virulentes, les droits des peuples autochtones sont constamment ignorés et violés par les entreprises des énergies fossiles”, déclare Rachel Heaton, défenseure de l’eau membre de la tribu Muckleshoot de la région d’Auburn.

“Alors que la controverse autour du DAPL est encore brûlante (2), les banques françaises préparent déjà de nouveaux forfaits humains et écologiques aux Etats-Unis (3). Nous sommes aujourd’hui à la Société Générale car celle-ci joue un rôle clé dans un projet d’exportation de gaz de schiste au sud du Texas. Nous nous étions déjà mobilisés en mars dernier contre BNP Paribas, également impliquée dans un projet similaire, et notre solidarité ne faiblira pas tant que les banques ne se seront pas retirées de ces projets” ajoute Pauline Boyer, porte-parole d’ANV-COP21. 

Juan Mancias, le chef de la tribu Esto’k Gna originaire du Texas, conclut : “Quand j’ai découvert que BNP Paribas et Société Générale étaient impliquées dans ces projets de terminaux, j’ai décidé de venir les rencontrer, ici en France, pays des droits de l’Homme. Maintenant, elles ne peuvent plus ignorer l’oppression que subissent mon peuple et mes frères et soeurs. Je serai demain à leur Assemblée générale pour leur demander de renoncer à ces projets et de s’engager à ne plus jamais ignorer nos droits” (4).

  1. BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et Natixis ont toutes participé au financement de projet à hauteur de 120 millions de dollars chacune, et toutes sauf Société Générale financent également certaines ou toutes les entreprises impliquées dans le projet. BNP Paribas et Natixis ont même refinancé Energy Transfer, le sponsor principal du projet, en mars 2017.
  2. Société Générale, qui a participé à toutes les transactions liées au gaz naturel liquéfié en Amérique du Nord, joue le rôle de co-conseiller financier dans le projet Rio Grande LNG qui comprend la construction d’un terminal d’exportation du même nom et du pipeline Rio Bravo LNG. BNP Paribas est conseiller financier dans le projet de terminal d’exportation de gaz naturel liquéfié Texas LNG. Toutes deux exportent du gaz acheté Aqua Dulce, place tournante du gaz de schiste dans le bassin d’Eagle Ford Shale. Crédit Agricole a de très grandes chances de participer au financement d’un ou des 4 oléoducs de sables bitumineux prévus en Amérique du Nord dont Keystone XL, Energy East, Line 3 et TransMountain. Crédit Agricole finance toutes les entreprises qui portent ces projets. Transcanada, refinancé par Crédit Agricole en décembre 2016, ne devrait pas avoir besoin de relever d’autres capitaux pour Keystone XL. Quant au TransMountain, l’entreprise Kinder Morgan veut faire son entrée en bourse afin de le financer via du financement d’entreprises.
  3. Deux questions seront posées à chaque banque, une leur demandant de s’engager à respecter les droits des populations autochtones dans tous les projets qu’elles financent et à ne plus financer les entreprises impliquées dans le DAPL, et une leur demandant de s’engager à ne pas financer les projets d’oléoducs de sables bitumineux et de terminaux de GNL prévus en Amérique du Nord, en commençant par se retirer de ceux dans lesquels elles sont impliquées.

 

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