Tribune | L’urgence du désarmement nucléaire

Aujourd’hui, le monde s’engage pour l’interdiction des armes nucléaires !

Ce lundi 27 mars 2017, une conférence internationale s’ouvre à l’ONU pour l’écriture d’un traité visant à interdire les armes nucléaires. Dans le cadre de la campagne « Le désarmement, c’est maintenant », un ensemble d’associations non-violentes et écologistes appellent à l’action dans toute la France pour interpeller les candidats à l’élection présidentielle sur l’absence de la France dans ces discussions internationales.

Ces premières discussions seront poursuivies cet été lors d’une session de trois semaines devant aboutir à l’écriture d’un traité d’interdiction des armes nucléaires, dernières armes de destruction massives encore autorisées. Ce traité vise plus précisément à reconnaître que l’utilisation des armes nucléaires causerait un préjudice humanitaire catastrophique, même pour les États qui ne possèdent pas ces armes, et donc qu’il existe un impératif humanitaire universel à interdire les armes nucléaires, et que les pays dotés ont l’obligation d’éliminer leurs arsenal nucléaire. Ce traité qui va être élaboré n’a été voté par aucun des pays dotés de l’arme nucléaire, membres du Traité de non-prolifération après des décennies de non-respect. Clairement certains pays nucléaires sont ouverts à un tel traité d’interdiction, la Chine l’Inde et le Pakistan se sont abstenus et la Corée du Nord a voté pour. Le coût de l’arsenal nucléaire français de 1945 à 2010 est estimé à environ 230 milliards d’euros. Alors que l’ONU décide d’ouvrir des négociations pour un traité d’interdiction, la France continue de préparer et d’investir dans le renouvellement complet de son arsenal nucléaire. D’ores et déjà le coût de ce renouvellement est évalué à plus de 2 milliards supplémentaires par an à partir de 2020, c’est-à-dire un total de 6 milliards par an. Actuellement, la France dépense près de 4 milliards pour le maintien de sa force de frappe.

« Qui peut dire que ce risque du désarmement serait plus grand que le risque de l’armement que nous acceptons aujourd’hui de courir presque aveuglément » Jean-Marie Muller, philosophe français, spécialiste de Gandhi et de la non-violence, directeur des études à l’Institut de recherche sur la résolution non-violente des conflits.

Les associations suivantes : Abolition des Armes nucléaires-Maison de Vigilance, Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN), Action Non-Violente ANV-Cop21, Arche de Lanza Del Vasto, Association des Médecins Français pour la Prévention de la Guerre Nucléaire (AMFPGM), Association pour la Taxation des Transactions Financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC), Coordination de l’Action Non-violente de l’Arche (CANVA), Les Amis de la Terre, Les Désobéissants, Ligue Internationale de Femmes pour la Paix et la Liberté (WILPF-France), Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN), Mouvement International de la réconciliation (MIR France-IFOR), et le Réseau Sortir du Nucléaire, appellent la société civile à se mobiliser dans toute la France le 27 mars pour pousser la France à soutenir cette initiative internationale historique. L’action ciblera les candidats à l’élection présidentielle car c’est l’un d’entre eux qui aura la main sur le bouton rouge à partir du mois de mai. La pression est mise depuis quelques mois sur ces derniers à travers différents outils : une pétition ayant déjà récolté plus de 10 500 signatures, un courrier d’interpellation adressé à chaque candidat.

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Tribune L’urgence du désarmement nucléaire

En ce début 2017, neuf puissances nucléaires détiennent plus de 15 000 bombes atomiques, représentant 480 000 bombes d’Hiroshima, dont 1 800 en état d’alerte permanente. La France en détient aujourd’hui 300 et consacre à leur seule modernisation près de 4 milliards d’euros par an.

Le 27 octobre 2016 puis le 23 décembre 2017, à l’ONU, elle a fait partie des rares pays ayant voté contre la résolution organisant en 2017 les négociations pour un traité d’interdiction des armes nucléaires (113 pays ont voté pour). En violation de la lettre et de l’esprit du TNP qu’elle a signé, la France investit dans le renouvellement complet de son arsenal nucléaire : sous-marin nucléaire lanceur d’engins de 3e génération, amélioration du nouveau missile air-sol à moyenne portée et des missiles mer-sol, nouvel avion de combat, etc. D’ores et déjà, le coût de ce renouvellement est évalué à plus de 2 milliards d’euros supplémentaires par an à partir de 2020.

Cela ne prend pas en compte les échecs : on se souvient de la désintégration d’un missile M51 lancé par le sous-marin Le Vigilant dans la baie d’Audierne le 5 mai 2013… Depuis le départ, la question de l’arme nucléaire est évincée du débat politique. Cette arme est inefficace pour combattre le terrorisme, le crime international, les paradis fiscaux, la guerre cybernétique, pour prévenir ou faire cesser les conflits ethniques et religieux, etc. Par les dépenses qu’elles occasionnent au détriment de causes vitales et urgentes, les armes nucléaires contribuent à l’instabilité et l’insécurité. Dans quel but ? Dissuader des puissances ayant un pouvoir de destruction identique ou supérieur ? Mais lesquelles, et de quoi ? Utiliser contre elles l’arme nucléaire, ce serait s’exposer à une destruction réciproque. Ce serait suicidaire. Notre arme nucléaire n’est pas une ‟assurance-vie” (Nicolas Sarkozy à Cherbourg en mars 2008), mais plutôt une ‟assurance-mort”. Ou serait-ce pour nous convaincre que nous faisons partie d’une poignée de puissances qui se partagent le pouvoir de mettre fin à l’aventure humaine ? Le massacre de civils est un crime contre l’humanité, l’utilisation de ces armes serait à la fois un crime et un suicide, pour nous comme pour l’humanité.
Les dangers inhérents à la double prolifération verticale et horizontale et les risques d’accidents
ne cessent d’augmenter et menacent l’avenir même de l’humanité.
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Même en l’absence de tout conflit, la soi-disant dissuasion nucléaire exercée par le seul Chef de l’État, outre qu’elle démobilise la population au sujet de sa défense, est un pouvoir exorbitant et tyrannique aux antipodes de la démocratie. Les accords internationaux de limitation des armes nucléaires, signés en particulier par la France,
visent à interdire à d’autres pays la possession de l’arme nucléaire. Mais dans le même temps les pays dotés déclarent avoir besoin de ces armes pour leur sécurité. Alors pourquoi les autres pays n’auraient pas aussi besoin de « leur sécurité » ? Les accords devaient permettre un désarmement nucléaire, mais depuis de nombreuses années
chaque pays continue à moderniser ses missiles et ses têtes nucléaires. En fait, elles doivent être interdites à tous les pays, comme ont été déjà interdites les armes chimiques et biologiques, les mines antipersonnel et les bombes à sous-munitions.
Plus de 100 États se sont réunis le 16 février à New York pour préparer la conférence qui débutera le 27 mars à l’ONU pour négocier les termes d’un traité d’interdiction des armes nucléaires. Sous peine de se placer elle-même au ban de l’humanité, la France doit les rejoindre. À l’occasion de la campagne présidentielle, une vingtaine d’organisations1 poursuivent une campagne pour mettre au coeur du débat la question du désarmement nucléaire.
Elles invitent les candidats à se positionner en faveur du désarmement nucléaire de la France
et des initiatives internationales visant à interdire les armes nucléaires au niveau mondial.

14 mars 2017

 

Abolition des Armes nucléaires-Maison de Vigilance, Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN), Action Non-Violente ANV-Cop21, Arche de Lanza del Vasto , Assemblée Européenne des Citoyens (AEC), Association des Médecins Français pour la Prévention de la Guerre Nucléaire (AMFPGM), Association pour la Taxation des Transactions Financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC), Centre de recherche et d’action sociale (CERAS), Coordination de l’Action Non-violente de l’Arche (CANVA), Fondation Danielle Mitterrand France Libertés, Gandhi International, Institut de recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits (IRNC), Intelligence verte, Ligue Internationale de Femmes pour la Paix et la Liberté (WILPF-France), Les Amis de la Terre, Les Désobéissants, Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN), Mouvement International de la réconciliation (MIR France-IFOR), Pax Christi France, Réseau Sortir du Nucléaire

Pour approfondir le sujet :
www.francesansarmesnucleaires.fr
http://icanfrance.org/
www.sortirdunucleaire.org
www.acdn.net
www.nonviolence.fr
www.irnc.org

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