Procès des décrocheurs de portraits à Bordeaux : amendes fermes requises

Bordeaux, 13 décembre – Les 8 décrocheurs de portraits girondins ont comparu ce vendredi 13 décembre devant le tribunal de grande instance de Bordeaux. Malgré les témoignages d’un chercheur en océanographie sur l’urgence à agir et d’un élu qui pointe l’irresponsabilité du législateur, la procureure a requis 500 euros d’amende pour le vol en réunion et 150 euros de plus pour les prévenus qui ont refusé le prélèvement ADN. Le délibéré sera rendu le vendredi 20 décembre à 14h.

Rassemblement de soutien devant le tribunal – photo Loïc Mathey

8 activistes du mouvement Action Non-Violente COP21 Gironde comparaissaient ce vendredi 13 décembre devant le Tribunal de Grande Instance de Bordeaux, pour avoir décroché le portrait d’Emmanuel Macron dans cinq mairies du Bassin d’Arcachon le 28 mai 2019 dans l’objectif d’alerter sur l’inaction climatique du gouvernement. Pour avoir mené cette action non-violente symbolique, Juliette, Maurice, Céline, Eric, Elisa, Thomas, Aurore et Laurent ont été poursuivis par l’État pour “vol en réunion avec ruse”. 

Malgré la pluie et les rafales de vent, de nombreux citoyens, soutiens politiques et associatifs se sont réunis devant le Tribunal dès midi pour témoigner leur solidarité avec ces décrocheurs de portraits, parmi lesquels Greenpeace, Attac, Philippe Poutou au nom de CGT Ford et du NPA, Extinction Rebellion, Génération Ecologie, Europe Ecologie les Verts, France Insoumise, CGT 33, Alerte Toxique, La Confédération Paysanne, Aux Arbres Citoyens, Alerte Pesticides Haute Gironde..

À l’audience, deux témoins ont été cités. Jean-Baptiste Sallée, chercheur en océanographie au CNRS, a rappelé que selon le GIEC : “les risques vont s'intensifier dans l’avenir et que nos sociétés ne sont pas résilientes pour affronter ces risques. La résilience climatique ne sera possible qu’au prix d’une action urgente et ambitieuse.”

Loïc Prud’homme, député de la France Insoumise, pointe la responsabilité du législateur : les projets de loi de finances successifs ne passent pas par le prisme climat. Les ministres ne prennent pas la mesure de l’urgence et ne poussent pas dans le bon sens. 

Ce procès a été un nouvelle occasion de dénoncer le décalage entre les beaux discours d’Emmanuel Macron sur le climat, et le manque dramatique d’action concrète. Malgré une communication verte sur la scène internationale et nationale, Emmanuel Macron décroche en réalité des objectifs de l’Accord de Paris de rester sous +1,5°C ou +2°C de réchauffement global. En 2018, les émissions de gaz à effet de serre françaises sont reparties à la hausse (+2,7°C) et la liste de projets et politiques climaticides ne cesse de s’allonger. Une attitude irresponsable pour celui qui se prétend leader climatique sur la scène internationale et alors que la France a été le pays hôte de la COP21.

À l’issue de l’audience, la procureure a requis 500 euros d’amende pour le vol en réunion et 150 euros de plus pour les prévenus qui ont refusé le prélèvement ADN. 

Le délibéré sera rendu le vendredi 20 décembre à 14h. 

Ce procès à Bordeaux était le douzième procès pour décrochage de portrait présidentiel. 10 mois après les premières actions de décrochages, ce sont 22 procès au total qui sont intentés sur tout le territoire à l’encontre des militants d’ANV-COP21. Les prochains procès auront lieu mardi 17 décembre à Saint-Etienne, jeudi 19 décembre à Lyon (procès en appel du premier jugement qui avait prononcé la relaxe des deux activistes Fanny Delahalle et Pierre Goinvic en invoquant l’état de nécessité par rapport au dérèglement climatique), et vendredi 20 décembre à Nevers, avant de reprendre pour une dizaine d’autres en 2020.

Malgré la multiplication des procès, la mobilisation du Bureau de Lutte Anti-Terroriste, les dizaines d’auditions et de perquisitions menées à l’encontre des activistes d’ANV-COP21, ce sont plus de 130 portraits présidentiels qui ont été décrochés au total pour protester contre l’inaction climatique et sociale du gouvernement. 

Dimanche 8 décembre à Paris, en pleine COP25 et à 100 jours des élections municipales, 100 portraits décrochés sont réapparus publiquement, brandis la tête à l’envers face à la Tour Eiffel, qui était en 2015 le symbole de la COP21 et des engagements pour le climat que la France ne respecte pas. Lors de cette nouvelle action, avant de repartir avec ces 100 portraits toujours recherchés par les autorités, les activistes d’Action Non-Violente COP21 ont lancé un appel à une semaine entière d'actions en amont du premier tour des municipales : intitulée "Démasquons Macron", cette nouvelle opération dont les détails sont encore tenus secrets aura pour objectif de révéler le vrai bilan du gouvernement LREM avant cette prochaine échéance électorale.

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Posted in Action, Décrochons Macron.