Ende Gelände 2017 : Mobilisation européenne de masse contre le charbon

Du 24 au 27 août 2017, 6 000 personnes se sont mobilisées dans le Nord Ouest de l’Allemagne pour dire Stop au charbon. Forte mobilisation cette année encore de la société civile pour la 4ème édition d’Ende Gelände à laquelle ont pris part, comme en 2016, de nombreux français.es et activistes d’Action Non-Violente COP21. Steffie, Marion et Antonin – présent.e.s sur place – reviennent sur ces 4 jours, et nous racontent la vie du camp. 

Des militant.e.s de toute l’Europe ont participé à Ende Gelände qui signifie “Jusqu’ici et pas plus loin!” pour dire en masse ‘Stop au charbon”. L’objectif était de rappeler l’urgence climatique en dénonçant la politique énergétique allemande, qui, en maintenant l’activité de ses centrales à charbon impose une limite au développement des énergies renouvelables, et en appelant aux alternatives.

 

System change not climate change ! Changeons le système, pas le climat ! 

Nous sommes de plus en plus nombreux.ses et relié.e.s pour dénoncer des pratiques qui aggravent le réchauffement climatique. La mobilisation citoyenne s’intensifie comme en témoigne l’édition 2017 d’Ende Gelände. Plus de 6 000 personnes sont ainsi venues perturber l’acheminement et bloquer les centrales RWE en Rhénanie, non loin de Cologne, en cette fin de mois d’août. Comme l’année passée, des activistes d’Action Non-Violente COP21 se sont joint.e.s aux milliers de militant.e.s venu.e.s de toute l’Europe pour une action de désobéissance civile de masse.

Au coeur de l’action

Plus de 50 militant.e.s ANV-COP21 ont participé à l’action parmi la centaine de français.e.s présent.e.s sur place. Réuni.e.s la veille du début des actions sous les grands chapiteaux du camp, ils.elles se sont réparti.e.s en petit groupes prêts à participer à l’action ensemble, dits ‘groupes affinitaires’. Ce sont les actions de ces centaines de petits groupes qui ont constitué l’action de masse. Ils.elles se sont alors réparti.e.s géographiquement pour constituer les doigts d’une main “fingers”, distingués par des couleurs différentes, les Blue, Red, Queer et Gold “fingers”. Chaque ‘doigt’ avait une cible et/ou une stratégie d’action différente, pensée pour que l’ensemble des actions concomitantes permette d’atteindre l’objectif opérationnel global de bloquer l’extraction de charbon de la mine et ainsi arrêter/diminuer la production de la centrale électrique à charbon.

Après quelques heures de préparatifs, un briefing sur les risques juridiques et une petite nuit de sommeil, les militant.e.s enfilent leur combinaison. La ‘main’ blanche se déploie alors sur la mine de charbon.

EG                                                                                                                                                                                                                        Photo Denis Meyer

1er jour : Les “Queer” ont tout d’abord visé la mine pour finalement bloquer la route par un sit-in au vu de l’importance du blocage de police sur le chemin, avant de se replier vers le camp de l’Est, un camp d’appoint de l’autre côté de la mine. Ce qui permettait pendant ce temps au “Red finger” de mener sa propre action.
De nombreuses arrestations ont été dénombrées le premier jour.

2ème jour : Les “fingers” Queer, Red, Gold et Blue se sont rassemblés au camp de l’Est pour aller bloquer les rails de train. Au total, c’est plus d’un millier d’activistes qui ont quitté le camp ensemble. Après une longue marche pour atteindre les rails, le passage de plusieurs barrages de police et l’arrestation d’une bonne partie des activistes resté.e.s piégé.e.s par les forces de l’ordre au pied des rails, environ 200 militant.e.s dont une cinquantaine de français.e.s ont réussi à atteindre les rails. Pendant 4 heures, ils.elles ont bloqué les rails, enlacé.e.s les un.e.s aux autres en formant des « chenilles » pour résister de manière non-violente.  La police les a détaché.e.s un.e par un.e pour ensuite les emmener en train puis en bus, au commissariat d’Aix-la-Chapelle.

3e jour : Plusieurs militant.e.s français ont participé à une grande manifestation avec des personnes habitant proche de la mine. Ensemble, 3 000 personnes ont tracé une ligne rouge pour protester contre l’extraction de lignite.

Quelques actions se sont également déroulées indépendamment des “finger”. Un groupe de français.e a ainsi lancé une opération dans la nuit du 3ème jour pour dérouler une banderole sur une excavatrice dans la mine. Seule une petite partie des activistes sont arrivé.e.s sur place au lever du soleil et ont réussi à dérouler la banderole. Ils n’ont pas tardé à se faire arrêter et emmener pour une garde à vue musclée avec interrogatoire (13 personnes en garde à vue sur cette action). 12h après, ils.elles sont passé.e.s devant un juge avant d’être relâché.e.s.


Forte répression policière

Les forces de l’ordre ont été plus répressives cette année que sur la précédente édition. Une vingtaine de français.es s’est ainsi retrouvée en cellule temporaire improvisée et une petite dizaine en garde à vue musclée. Aucune utilisation de gaz au poivre ou lacrymogène n’est cependant à noter. Les violences relevées par les activistes des queer, gold et blue ‘finger’ ont principalement été exercées pendant les franchissements de barrage de police et lorsqu’ils.elles ont été délogé.e.s des rails ou de nasses établies aux abords des rails. Certains policiers saisissaient directement les manifestants sous les mâchoires pour les inciter à bouger. La moindre résistance (poids mort, mouvements pour se débattre) entrainait une recrudescence de la violence (clé au bras, au cou, membres écrasés…), d’autant plus évidente à mesure que les médias s’éloignaient.

EG 2                                                                                                                                   Photo Denis Meyer


Construire un mouvement de masse, se rencontrer, se renforcer

Deux camps étaient organisés cette année sur le site d’Ende Gelände. Le 1er, le principal, très bien organisé avec de nombreux chapiteaux pour les plénières et le stockage du matériel. Des repas végan étaient distribués trois fois par jour. La contribution, estimée à 3-5 euros par jour, était libre. L’information concernant les actions, le matériel disponible pour des actions plus ou moins autonomes était dispensée en anglais, par des bénévoles disponibles et bienveillant.e.s. Les plénières étaient en allemand avec un système de radio permettant la traduction en anglais, français, espagnol… Le samedi soir, étaient organisés spectacles et concerts. Le contact avec les internationaux a été facile, que ce soit pendant les actions ou sur le camp. Même pour les personnes non-anglophones, la présence de nombreux francophones sur le camp, la bienveillance générale, et la traduction systématique de l’information dans un anglais accessible ont permis l’intégration du plus grand nombre.

Quels résultats ?
Trois jours d’occupation de toutes les infrastructures liées à l’une des plus grandes mines de charbon d’Europe. Les activistes ont forcé l’entreprise RWE à réduire de 40 % sa production d’énergie électrique pendant 20 heures, un bon résultat compte tenu de la forte répression policière. Un renfort des bases militantes, une occasion de militer en synergie et de renforcer un grand mouvement de masse pour la justice climatique.

Prochain rendez-vous 
Du 3 au 5 novembre 2017
Pendant la conférence de l’ONU sur le climat
Plus d’info : https://www.ende-gelaende.org/fr

 


Merci à Steffie, Marion, Antonin pour leurs témoignages.

Galerie photo Denis Meyer


Lire aussi 

Des milliers de personnes ont manifesté en Allemagne contre le charbon Reporterre, 31/08/17

Le capitalisme est incompatible avec la survie de la planète L’Humanité, 28/08/17

Partagez sur les réseaux sociaux :
Facebooktwitter
Posted in Non classé.