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Billet de blog 11 mars 2020

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Municipales: tous écolos ? Démasquons, marchons, sanctionnons

Les listes candidates ainsi que notre président redoublent d’efforts pour convaincre de leur conversion écolo. Soyons lucides face aux opérations de greenwashing : en dressant le vrai bilan de Macron devant l’Élysée, en marchant massivement et en nous emparant de l’échéance des municipales, nous sanctionnerons les candidatures qui ne défendent pas sérieusement le climat et la justice sociale.

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Illustration 1
Le 8 décembre, à 100 jours des municipales, 100 portraits présidentiels décrochés dans toute la France étaient brandis à Paris devant la Tour Eiffel, symbole de la COP21 dont Macron ne respecte pas les engagements. © Baptiste Soubra

Les beaux discours sur un glacier, c’est glissant. Le 13 février dernier, le président Macron, en combinaison de ski, exprimait depuis la Mer de Glace sa sidération face aux impacts du dérèglement climatique. “Je n’imaginais pas une fonte aussi rapide, c’est impressionnant. On se rend compte comment les non-décisions en ont fait arriver là.

L’opération de communication, à un mois des élections municipales, est grossière. Le climat, en tête des préoccupations des Français⋅es, devient un argument de poids dans les élections ? Hop, un coup de climat. Il faut aussi aller chasser sur les terres de la droite ? Hop, la semaine suivante à Mulhouse, il s’attaque au “séparatisme islamique”. À la veille des municipales, Macron se comporte comme Oui-Oui au volant de sa petite voiture jaune, pensant qu’il suffit d’un coup de volant à droite, puis un coup de volant à gauche, pour que les électeurs lui emboîtent le pas.

On fait le bilan : démasquons Macron

Son comportement montre cependant que les municipales ne sont pas qu’un enjeu local. À deux ans de la fin du quinquennat du locataire En Marche de l’Élysée, le résultat des urnes sera, ou non, une légitimation de sa politique. Or les électeur⋅rices ne sont pas dupes. Macron ne nous fera pas croire que sa prise de conscience climatique est aussi neuve que sa doudoune. Pour le dérèglement climatique, Macron sait depuis longtemps. Il a juste choisi sciemment de ne pas écouter les cris d’alerte des scientifiques sur la vitesse d’augmentation des impacts, et les voix de la société civile qui rappelle la nécessité de changer le système actuel, à l’origine du dérèglement climatique. Avec le même cynisme que lorsqu’il balaie le débat démocratique sur la réforme des retraites en recourant au 49-3, Macron a simplement choisi d’écouter d’autres intérêts que ceux des peuples et de la planète. 

Tout dans le bilan de ces premières années de quinquennat l’illustre. Alors que la France, qui a une responsabilité historique dans le dérèglement climatique, doit multiplier par au moins trois la baisse annuelle de ses émissions pour atteindre ses objectifs (source : Haut Conseil pour le Climat), elle dépasse chaque année son budget carbone. Rien qu’en 2018 : +4,5 % d’augmentation. Non seulement les lois votées sont largement insuffisantes, mais le manque d’actes concrets va mettre un coup dans l’aile à l’ambition climatique française. Les “non-décisions” qu’a évoquées Macron de façon indéfinie ne se sont pas arrêtées avec ses prédécesseurs ; sa propre inaction climatique en est une stricte continuité.

Illustration 2
Le futur portrait officiel de la deuxième partie du mandat d’Emmanuel Macron, dans son costume de néo-écolo ? Une imposture de plus à démasquer et à décrocher.

En matière de justice sociale, le bilan est tout aussi lamentable : réforme des retraites injuste et arrachée au débat démocratique, fracture territoriale profonde exprimée par les Gilets Jaunes et très durement réprimée, creusement des inégalités…

En état d’urgence climatique, l’heure n’est plus aux leurres

Puisque les municipales sont un enjeu pour Macron, sanctionnons ce bilan. Vendredi 13 mars, deux jours avant le premier tour des élections municipales, le mouvement Action Non-Violente COP21, les Décrocheuses et Décrocheurs de portraits et plusieurs personnalités donnent rendez-vous au chef de l’État devant l’Élysée, avec les portraits de Macron réquisitionnés dans les mairies et activement recherchés par les autorités. L’objectif ? Faire tomber les masques. Toute la journée, de nombreuses personnalités de la société civile viendront dresser le vrai bilan de la politique climatique et sociale d’Emmanuel Macron et de la République en Marche.

Le dimanche 15 mars, nous devons sanctionner l’inaction climatique dans les urnes. Les élections municipales doivent être l’occasion d’acter que les beaux discours ne suffisent plus : seules les véritables actions comptent et méritent nos voix !

Nous ferons alors coup double : car ce ne sont pas des mesures (ou l’absence de mesures efficaces) qu’il s’agit de sanctionner, mais aussi le procédé qui érige le blabla au rang de politique. Macron ne se contente pas de ne rien faire ou de faire pire : il tente de nous tromper. Un tour de passe-passe qu’il utilise éhontément tout en jouant le rôle de Champion de la Terre sur la scène internationale. Mais l’urgence climatique ne peut souffrir les leurres. À l’heure où nous devons nous battre pour chaque dixième de degré, sauver ce qui peut être sauvé et maintenir les conditions de la justice sociale, le greenwashing doit être débusqué, et chèrement payé.

Samedi 14, nous marcherons

Samedi 14 mars, partout en France, nous marcherons. Plus de 120 marches sont annoncées dans les territoires : des événements massifs, populaires et familiaux pour rappeler l’urgence climatique et interpeller les décideurs, notamment locaux. Le 8 septembre 2018, le gouvernement presque unanime avait salué la marche pour le climat. Louanges, félicitations, action “salutaire”, “essentielle”, une “bonne nouvelle” : à l’entendre, le gouvernement marchait dans la même direction que les dizaines de milliers de citoyen⋅nes mobilisé·es en France. Malheureusement, les faits n’ont eu de cesse de rappeler le contraire. Ce samedi 14 mars 2020, donc, associations environnementales, acteur⋅rices du mouvement social, syndicats, marcheront pour rappeler une chose : s’ils veulent utiliser nos mots, qu’ils commencent à donner des gages par leurs actes. 

Pour débusquer le greenwashing électoraliste, des outils existent. À l’approche des élections, de nombreux groupes ont ainsi passé au crible les engagements des futures listes sur leurs territoires, comme à Orléans, à Toulouse, à Paris ou encore à Nantes. Alors que le climat et l’écologie sont devenus des arguments électoraux majeurs et qu’un grand nombre de listes ont saupoudré de vert leur programme, ce travail d’information est une boussole indispensable. 

Il vient compléter celui mené autour des 32 mesures du Pacte pour une transition citoyenne, qui ont été élaborées collectivement par 60 organisations de la société civile, une consultation citoyenne et un comité d’expert⋅es. Ce Pacte est le gage donné par les listes qui le signent qu’elles respecteront les différentes mesures écologiques et sociales qu’il comporte. Avant de voter, il s’agit donc de vérifier si la liste s’est engagée sur des mesures concrètes. Ces outils entre les mains des citoyen⋅nes exercent une réelle pression sur les futur⋅es élu⋅es. Au Pays basque, l’organisation Bizi a même organisé une marche de six jours à travers le territoire pour populariser son Pacte écologique et social auprès de la population et obtenir l’engagement de 80 listes candidates.

Dénoncer, marcher… et construire

Ainsi, les élections municipales ne sont pas que l’arène d’une bataille de légitimité présidentielle. En matière de climat, 50 à 70 % des leviers d’action résident au niveau local. Les listes que nous choisirons pourront ou non les activer. Mais notre rôle ne se borne pas au choix. Dans de nombreux territoires, les groupes Alternatives Territoriales ont mené ces dernières années un travail titanesque de suivi des mesures climat prises par leurs élu⋅es et de rehausse de l’ambition si besoin. 

Suivi, accompagnement mais aussi dénonciation et confrontation quand cela est nécessaire : ces citoyen⋅nes n’hésitent pas à mettre le nez dans les affaires de leurs élu⋅es pour les pousser à aller plus loin en matière de plans climat, de mobilité, d’agriculture et d’alimentation, de lutte contre la pollution de l’air, autant de prérogatives qui incombent aux communes et intercommunalités. Cette fois-ci encore, nous ne nous contenterons pas de déclarations d’intention : si les listes qui ont signé des engagements sont élues, nous avons bien l’intention d’assurer leur traduction en actions concrètes. Et si celles qui sont élues ne se sont engagées à rien, qu’elles soient assurées que l’exigence citoyenne ne s’arrêtera pas après les élections municipales, et que la bataille continuera tout au long de ce mandat absolument décisif pour empêcher l’aggravation du dérèglement climatique. 

L'urgence climatique nécessite de mettre en œuvre la transition maintenant, et les collectivités territoriales ont les compétences pour agir. Dans de nombreux cas, il manque de la volonté politique ; presque partout, il manque des moyens financiers et techniques. L’État doit allouer aux collectivités les moyens de tenir leur rôle de chef de file de la métamorphose des territoires. Or, là aussi, le gouvernement de Macron affirme vouloir la transition mais ne permet pas aux collectivités de la réaliser.

Dépasser le seuil critique de + 1,5 °C de réchauffement global signifierait un dérèglement majeur des écosystèmes, la menace des moyens d’existence de millions de personnes, et en premier lieu les plus démuni⋅es, la fragilisation de nos espaces démocratiques et de nos mécanismes de solidarité. Aussi, nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre un mandat de plus. 

Utilisons donc doublement ces élections municipales. D’abord, pour dénoncer la politique du blabla d’Emmanuel Macron et de sa majorité, mais aussi de tous ceux qui méprisent dans leurs actes ou dans leurs mots les impératifs de l’urgence climatique et de la justice sociale. Face à l'urgence climatique, nous devons utiliser tous les moyens à notre disposition : construire les alternatives par nous-mêmes, lutter contre les projets climaticides, mais aussi s’emparer des municipales et maintenir la plus haute exigence vis-à-vis des communes et intercommunalités, qui disposent de leviers d'action décisifs.

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